Le 15 mars 2023, le Défenseur des droits publie une étude intitulée « L’expérience du racisme et des discriminations des personnes originaires d’Asie de l’Est et du Sud-Est en France (REACTAsie) ».
Tout au long de leur parcours de vie, les personnes d’origine asiatique sont victimes de racisme et de discriminations en raison de leur origine : à l’école, dans l’espace public, dans l’emploi… Ce phénomène a été exacerbé et particulièrement visible au moment de la pandémie de Covid-19.
Une enquête dédiée aux discriminations vécues par les personnes d’origine asiatique
En France, malgré l’existence de travaux sur les préjugés et les stéréotypes envers les personnes d’origine asiatique, la recherche s’est peu penchée sur les expériences de racisme et de discriminations qui les touchent. Dans ce contexte, le projet REACTAsie, mené en collaboration avec l’Association des Jeunes Chinois de France (AJCF), s’appuie sur une enquête basée sur des entretiens biographiques approfondis, ainsi que sur la production d’une minisérie de vidéos.
L’enquête révèle les multiples formes de discriminations et de racisme auxquelles les personnes perçues comme d’origine asiatique sont exposées :
- L’école est souvent le lieu où les enfants vivent leurs premières expériences du racisme, et le monde du travail est associé à la fois au racisme et aux discriminations. Quelques expériences sont également rapportées dans le domaine du logement, de l’accès aux soins, ainsi que sur les réseaux sociaux.
- Le diplôme, la qualification et la maîtrise du français ne protègent pas les personnes d’origine asiatique contre les discriminations et le racisme. Les diplômés, les cadres et les artistes d’origine asiatique sont confrontés à des formes spécifiques de discrimination et de stigmatisation : assignation ethnique des tâches, déni de reconnaissance de statut, plafond de verre, etc.
- Le racisme ne se manifeste pas de la même façon selon le genre de la victime. Les hommes subissent des stéréotypes liés à leur masculinité souvent déniée ou dévalorisée, alors que les femmes font l’objet de fantasme et de fétichisme. Dans le monde du travail par exemple, les femmes d’origine asiatique doivent souvent faire face à l’imbrication du racisme et du sexisme, qui peut prendre la forme de harcèlement sexuel.
La banalisation des discriminations entraîne un non-recours important
Les actes de racisme et discrimination à l’encontre des personnes d’origine asiatique restent aujourd’hui largement acceptés et banalisés dans la société française : ils sont rarement dénoncés, débattus publiquement ou encore sanctionnés juridiquement.
De plus, souvent perçues comme « dociles », « travailleuses », et associées à des stéréotypes considérés comme positifs, les personnes d’origine asiatique sont représentées comme une « minorité modèle ». Cette étiquette empêche les victimes de verbaliser et dénoncer les traitements qu’elles subissent. Le non-recours est par conséquent très important chez les victimes.
Source: Le Défenseur des Droits, France