D’après un rapport préliminaire de l’Office de la Protection du Citoyen (OPC), les prisonniers gonaïviens sont détenus dans des conditions infrahumaines. Ils sont entassés comme des sardines. Ils n’ont pas accès aux loisirs et la majorité d’entre eux souffrent de maladies cutanées.
Sur la place d’armes, dans un espace exigu d’où se dégage une chaleur suffocante, est logée la prison civile. Selon les archives du parquet, 227 personnes, dont 11 femmes et un mineur, y sont incarcérées. L’espace aurait une capacité de 200 personnes. Les observateurs ont précisé que, parmi cette population carcérale, seulement 9 détenus ont été condamnés. Beaucoup d’entre eux ont été arrêtés pour vol de bourses, de téléphones, etc. Suite à l’intervention des cadres de l’OPC, deux ont été libérés.
Des prisonniers ont avoué n’avoir jamais eu accès à la cour de ce centre de détention. Ces derniers disent prendre leur bain au sein de leurs cellules. Certains déclarent également dormir à même le sol.
En raison du manque d’hygiène, plus de 150 détenus souffrent de maladies cutanées. Six autres cas de tuberculose, une maladie contagieuse, ont été également recensés. Une pareille situation, en mai 2012, avait causé la mort du prisonnier Emmanuel Septembre après huit mois de détention.
Le directeur à la promotion des droits humains à l’OPC, Jude Jn Pierre, a déploré l’état critique de la prison. «Garder des personnes dans ces conditions infrahumaines est une grave violation des droits humains», s’est-il indigné.
Certaines fois, l’eau et l’électricité sont rares au sein de cette prison surveillée par quelques agents de la police administrative. En plus de ces problèmes, les détenus ont dénoncé les majors qui se comportent en de véritables bourreaux. Ils se plaignent vivement de l’exaction de leurs pairs.
En vue de pallier cette situation, les observateurs de l’OPC ont recommandé, entre autres, aux autorités concernées de renforcer le personnel administratif, de limiter les privilèges des majors et de permettre aux détenus de se recréer. D’autres recommandations d’ordre sécurité publique ont été également faites.
Pour sa part, le chef du parquet des Gonaïves, Me Osny Paul Antoine, s’est dit préoccupé par la situation difficile des détenus. Il invite l’OPC à l’accompagner dans les démarches visant à reconstruire la prison civile du chef-lieu du département de l’Artibonite. Celle-ci a été détruite en février 2004 lors de l’insurrection anti-Aristide.
La mission d’observation de l’OPC a eu lieu le mardi 5 avril 2016. Elle était conduite par M. Jude Jn Pierre et Me Amoce Auguste, directeur à la protection des droits humains.
Source: Journal le Nouvelliste